samedi 3 avril 2010

Killing an Arab


Dans les médias, on peut distinguer plusieurs catégories d'informations. Certaines font doucement rire, d’autres peuvent indigner ou révolter, et il y a celles qui crèvent le cœur.

Ces dernières écoeurent parce qu'en général un innocent est tué, et que les circonstances de sa mort, telles qu'elles nous sont relatées, prennent une tournure tellement biaisée, qu'on sait d’avance qu’il n’y aura pas de justice pour ce cas précis. Exemple.

Un homme de 35 ans d'origine marocaine, père de famille, vigile dans un supermarché de Bobigny, se serait « jeté » dans le canal de l'Ourcq, mercredi 31 mars au soir, parce qu’il était poursuivi par quatre personnes munies d'un cric et d'une grosse pierre, lesquelles n’avaient, selon la procureure Sylvie Moisson, pas du tout, l’intention de lui nuire…

Pas de connotation raciste pour le parquet

Les personnes interpellées assurent que l'incident a éclaté dans le magasin parce que le vigile aurait proféré des insultes à caractère antisémite. Une version démentie par un témoin de la scène contacté par Europe 1.

Le parquet a précisé vendredi que "l'intention homicide n'était pas retenue, de même qu'aucun élément de nature à donner à ces faits une connotation raciste ou religieuse".

En fait il faudrait comprendre que c’est parce qu’il aurait proféré des insultes antisémites à l’encontre de ses agresseurs (qui l'ont sans nul doute abordé avec la plus grande déférence), que cet acte ne peut avoir aucune connotation raciste, et ne saurait nullement être qualifié d'agression avec intention de tuer. C’est certainement dans un élan de tolérance que quatre individus armés se sont lancés à sa poursuite, après qu’il a eu le malheur de faire son travail en interdisant l’accès à un client à la fermeture du magasin.

Un échange d’insultes plus tard entre le client et le vigile, et le client en question passe un coup de fil pour alerter du renfort, puis lui annonce serein qu’il « va mourir aujourd’hui »…

Si le client avait été arabe et le vigile juif, cet homicide, car on ne peut pas qualifier ce fait divers autrement, aurait eu un caractère proprement raciste et scandaleux, et on aurait eu droit à une déclaration officielle du président, du premier ministre, d'une kyrielle de ministres, dans un crescendo de condamnations indignées par la recrudescence de l’antisémitisme.

Mais le vigile était bien arabe, au moment où la France de l'identité nationale souhaite plus que jamais se désolidariser de tout ce qui est arabo-musulman (que cette expression est malhabile..), et au moment où la perception d'un conflit international mobilise le corps politique derrière un Etat, qui a réussi, grâce à ses inconditionnels défenseurs médiatiques, à nous faire rentrer dans le crâne que la vie d'un arabe, de Jaffa à Bobigny en passant par Gaza, ne vaut rien.

Ainsi, tuer un arabe ne saurait être perçu comme un crime raciste, et ne pourrait être puni en tant que tel, surtout lorsque l'agresseur est sémite, mais juif pas arabe.

Tandis que l'arabe serait par nature susceptible de commettre un crime antisémite, la piste du crime raciste est d'emblée écartée lorsque la victime est arabe.


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