jeudi 29 avril 2010

Bavure à la française et "prématurité" américaine


J'ai encore halluciné en regardant le JT de TFOne. Je sais, j'me fais du mal, mais c'est quand même utile pour comprendre comment la majorité des Français pensent de s'abreuver à la source.

Outre l'exposition universelle à Shanghaï, les médicaments nocifs pour les bébés qui viennent seulement d'être interdits à la vente, et la nouvelle unité Cold case de la brigade criminelle (reportage au cours duquel on a eu l'occasion d'admirer deux flics, mi-poseurs, mi-losers se balader dans des grands hangars pleins de cartons et stabiloter des feuilles en prenant un air vachement inspiré... hyper convincing!), les premières infos concernaient la "bavure" ou "erreur" (comprendre homicide involontaire) de l'armée française en Afghanistan; genre c'est la première...

Des soldats français se dirigeaient vers la vallée de Bedraou, un coin...chaud...comme tous les coins en Afghanistan, à bien y penser, sinon ça s'appellerait pas la guerre civile engagée avec les forces d'occupation...et là ils repèrent un groupe de (sept) insurgés qui leur tirent dessus; aahh cet étourdissant flou journalistique délibéré histoire que jamais jamais plus tu ne comprennes s'il s'agissait là de talibans certified, de talibans "modérés", tu sais comme les 5 qui ont été "retirés", y a pas si longtemps, de la liste UN des mecs les plus dangereux du monde, ou de simples civils exaspérés au point de prendre les armes contre les armées internationales un brin coercitives.

Les bidasses décident alors de leur envoyer un gros missile dans la tronche et... le font. Bilan, 4 civils, âgés de 10 à 15 ans, tués.

Le plus beau c'est pas tant la "news" que la chute du reportage made by TFOne pour détendre l'ambiance de crispation à l'idée que l'armée française, tout comme l'armée américaine, tue des civils non armés, et de surcroît des enfants:

"Jusqu'ici (donc au bout de 9 années d'occupation au nom de la lutte contre le terrorisme et de l'exportation de la "démocratie") 688 civils ont été tués par les forces internationales et plus de 1400 par les talibans" au cas où tu aurais oublié que c'était bien eux les méchants à l'origine.

L'article du Point dit en revanche:

On indique à l'état-major des armées que les familles des victimes seront suivies par la PRT (Provincial Reconstruction Team), et indemnisées. Il n'en demeure pas moins que les victimes civiles afghanes du conflit sont de plus en plus nombreuses. Un récent rapport de l'UNAMA, la mission de l'ONU en Afghanistan, estime que 2.412 civils ont été tués en Afghanistan en 2009. En hausse de 14 % par rapport à 2008. Selon ce rapport, ces décès de civils sont imputables pour un quart à l'IASF et aux forces gouvernementales afghanes, et pour les trois quarts aux insurgés.

Dans un monde idéal, les talibans n'existeraient pas, et l'Afghanistan serait libre et souverain, tout comme la Palestine et l'Irak (et plein d'autres pays aux quatre coins de la planète dans une autre mesure), mais comme il faut bien faire avec notre monde imparfait, serait-ce trop exiger des médias qu'ils ne justifient plus les armées d'occupation qui sont, de manière générale, la deuxième cause de mortalité chez les populations des pays "délivrés" de l'islamisme radical (pléonasme devenu l'expression consacrée) par les troupes internationales.

La deuxième info qui valait vraiment le coup d'être écoutée était à propos de la marée noire qui menace les côtes de la Louisiane. Le président a mobilisé tous les moyens, mais la porte-parole de l'armée s'est quand même sentie d'annoncer :"Le terme catastrophe est un peu prématuré".

Espérons qu'il ne s'agit pas de la même "prématurité" qui avait retardé l'intervention de l'armée américaine à la Nouvelle Orléans en 2005.


mercredi 28 avril 2010

Terrorisme d'Etat. "Tell the truth"... or at least stop bullshitting people



Un clip très bien fait, dont le graphisme évoque bien le matraquage médiatique du New world order. Bon mis à part le délire complotiste, ça s'écoute sans trop de problèmes d'éthique, et on peut chanter en même temps!


lundi 26 avril 2010

BDS et IBS (Israel Boy Scoutism) ou "de quand tu t'aperçois (encore une fois) que les frontières d'Israël sont limitrophes de la France"


"Le plus grand dérèglement de l'esprit humain c'est de croire les choses parce qu'on veut qu'elles soient et non parce qu'elles sont en effet" (Bossuet)

"Les capacités de l'esprit humain à inverser le réel sont infinies en ce qu'il s'agit d'un processus non pas statique mais dynamique. L'inversion du vrai et du faux, du juste et de l'injuste, de l'objectif et du subjectif conduit ainsi à voir, par exemple, dans une réfutation erronée du vrai une démarche juste et, inversement, dans la juste critique de cette réfutation erronée une démarche injuste et ainsi de suite à chaque stade du débat. Cette attitude correspond peu ou prou à "l'obstination dans l'erreur" décrite par Schopenhauer dans L'Art d'avoir toujours raison qui conduit souvent à chercher - et à trouver - un nouvel argument en faveur de ce que l'on croit être la vérité après qu'un premier argument a été réfuté. L'inversion du réel produit ainsi un effet miroir qui n'est pas seulement celui d'un objet dont l'image unique, en se reflétant dans un seul miroir, reste facile à distinguer de son "modèle" mais du phénomène que l'on obtient lorsque l'on place un objet entre deux miroirs: l'image de l'objet se reflète à l'infini dans une série "d'images de l'image" ou le réel s'abolit à mesure qu'on le perd de vue." (Guillaume Weill-Raynal, Les nouveaux désinformateurs, Armand Colin, Paris, 2007, p.54)

"La désinformation est une manipulation de l'opinion publique, à des fins politiques, avec une information traitée par des moyens détournés." (Vladimir Volkoff, Petite histoire de la désinformation, Editions du Rocher, Paris, 1999, p.33)

L'année dernière un prix d'honneur du siècle du néon avait été décerné sur ce même blog à Bernard Henri Levy. Nous n'avons pu résister en ce début d'année 2010, à en décerner un second. Moins prestigieux il va de soi, car si BHL avait eu la décence de prendre la peine de valider son lamentable argumentaire par le fait qu'il était allé sur le terrain de l'opération Plomb durci, Eric Marty, éminent professeur de littérature comparée à l'université Denis-Diderot, Paris VII, nous livre son "point de vue", sur la campagne Boycott, Désinvestissement, Sanction et ses origines "islamo-gauchistes", confortablement installé au 80 boulevard Auguste Blanqui.

Son prix: le Néon plaqué Or pour ce magnifique concentré de désinformation en date du 21 avril 2010: "Le Boycott d'Israël est-il de gauche?" ou comment énoncer, avec une inconscience déconcertante, des contre-vérités sur les réalités sociales d'un pays dans lequel on n'a certainement jamais mis les pieds.

Eric Marty a re-gagné ses lettres de noblesse dans cette ahurissante inversion du réel publiée par Le Monde, dont certaines tribunes, ouvertement racoleuses, commencent à sentir le poisson mort deux fois.

Mais étant donné qu'on ne peut certainement pas tout dire pour défendre Israël, le Monde nous offre un semblant de débat démocratique en cette fin du mois d'avril.

Penchons-nous sur trois phrases particulièrement significatives de l'attitude d'Eric Marty et plus généralement symptomatiques de l'IBS, l'Israeli Boy Scout, le désinformateur professionnel qui, se sentant investi d'une mission divine, et au nom de la désinformation dont Israël serait la victime, dit n'importe quoi dans le but de redorer le blason de cet Etat, pourtant terni par la réalité et par rien d'autre.

L'inversion du réel:

"Désormais, et avec une nouvelle intensité depuis la guerre de Gaza, s'ajoute le projet d'un boycott d'Israël en Europe, idée qui est devenue à ce point familière qu'elle trouve un écho favorable, tantôt passif, tantôt actif dans des partis politiques français, comme le Parti communiste ou les Verts."

Rendons hommage à la dextérité avec laquelle M. Marty utilise l'hypallage, figure de style qui lui permet d'éclipser l'horreur de la dernière offensive israélienne en déplaçant "l'intensité" de la chape de plomb qui s'est abattue sur la bande de Gaza l'hiver dernier, pour en faire "l'intensité" du boycott et enfin, une charge "intensive" contre Israël, perçu comme le bouc-émissaire accusé à tort, grâce à ce procédé linguistique. Le nom "intensité" n'est syntaxiquement pas rattaché à Gaza, pour qualifier le caractère même de l'offensive israélienne, mais il est utilisé ici pour caractériser le boycott d'Israël. Cette subtilité sémantique sert à brouiller le rapport de forces existant et à faire perdre de vue l'origine même de "l'intensification" du boycott, qui trouve sa raison dans la violence de la dernière guerre israélienne.
En fait, selon Eric Marty, les Verts et les communistes, non contents de compter dans leurs rangs de nombreux antisémites qui croient dur comme fer au "complot juif", seraient en fait de dangereux "islamo-gauchistes" qui trahissent la gauche parce qu'ils n'auraient pas tous, contrairement à la majorité du PS, prêté serment d'allégeance au CRIF.

Le Monde encouragerait-il la désinformation?

"Il n'est pas vrai que l'Etat d'Israël pratique l'apartheid de près ou de loin à l'égard des Israéliens d'origines musulmane, druze, bédouine, chrétienne. Ceux-ci ont les mêmes droits politiques, sociaux, sanitaires, économiques, éducatifs que les juifs. S'il y a des inégalités, celles-ci sont conjoncturelles et démenties par de nombreux contre-exemples. Et bien sûr, et contrairement à ce qui se passait en Afrique du Sud, Arabes et juifs prennent les mêmes transports en commun, se transfusent le même sang, et ont des rapports sexuels qui ne sont soumis qu'aux préjugés culturels, familiaux et claniques qui règnent sans doute moins chez les juifs que dans les autres communautés."

Oui, Israël est bien l'Etat de tous ces citoyens sans exception, et étant donné les difficultés auxquelles même certains juifs se heurtent pour se marier entre eux, il est clair que les mariages inter-religieux y sont régulièrement célébrés (sic).





et voilà qu'Eric Marty s'improvise juriste international, avant de noyer carrément le poisson dans une autre réalité qui ne trouve aucune comparaison, mais qui semble bien être le signe de reconnaissance de la prose du désinformateur professionnel:

"Il n'est pas vrai qu'Israël ait commis des crimes contre l'humanité à l'égard des populations palestiniennes lors de la guerre de Gaza: aucun soldat israélien n'a commis de viols, de meurtres délibérés de civils, d'assassinats de masse comme il s'en est fait au Congo, en Tchétchénie, au Soudan, pour ne parler que d'exemples récents."


Une méconnaissance totale du système politique israélien:

" La politique du gouvernement israélien n'est pas une bonne politique (...) Ce n'est pas seulement la pression de tel ou tel minuscule parti religieux qui en est la cause, c'est à l'évidence le manque de vision du premier ministre israélien."

Eric marty a décidement beaucoup d'humour. Le "minuscule parti religieux" auquel il fait référence n'est autre que le Shass, le parti séfarade ultra-religieux, sans lequel aucune coalition ne peut espérer voir le jour à la Knesset.


A quelle nécessité répond un professeur de littérature comparée lorsqu'il n'hésite plus à mettre sa crédibilité d'intellectuel et d'universitaire au service de la propagande d'un Etat étranger?

Peut-être à la même nécessité idéologique qu'un professeur de philosophie, ou qu'un historien spécialiste de l'ère médiévale, devenus les étendards d'une critique de l'islam so trendy. Non seulement ces intellectuels sortent de leur compétences en nous prodiguant des vérités très relatives sur un sujet auquel ils ne connaissent probablement rien (du moins à les lire c'est bien le constat qui en ressort), mais ils se sentent légitimes dans leurs rôles d'imposteurs car ils ont été adoubés par des médias qui les prient, en feignant de faire appel à des "experts" du conflit israélo-palestinien, de venir donner leurs visions réactionnaires, impérialistes et ouvertement racistes.

dimanche 25 avril 2010

Laïcité (et féminisme) je crie ton nom! et surtout il faudrait qu'on croit qu'il ne s'agit que de ça


La concurrence dans la stigmatisation de l'islam et des musulmans, un débat featuring Eric Zemmour dans un rôle pas banal...ou comment s'embrouiller alors qu'on prêche (à une petite exception près) les mêmes idées...





Simplifiez-vous la vie les gars: bientôt une loi interdisant les musulmans dans l'espace public?


Après Burqa bla, bla, nous voici plus que jamais dans le vif d'un sujet (so hot right now!) qui en remet une couche (au cas où on n'aurait pas compris la clarté du message) sur ce pourquoi (ou devrais-je dire, ceux contre qui) ce grand débat a été initié.

Mêlant pernicieusement le politique au social, le futur projet de loi interdisant la burqa stigmatiserait dans son phrasé même la perception de l'islam.



Donc, un mec qui porte une barbe est musulman, fait porter la burqa à sa femme, est polygame, ou certainement polygame, pratique l'excision comme un champion sur ses (25?) filles, tout en égorgeant le mouton histoire de célébrer. Nul doute, nous avons affaire à un islamiste radical, donc un terroriste et qui sait peut-être le second d'Al Qaïda.

Mais, ce même mec, auquel on a pourtant donné la nationalité française, probablement dans un élan de générosité et en raison de la politique pro-arabe de la France (sic), s'est bien gardé (le salop) d'avouer tout ça aux autorités françaises. Et aujourd'hui, il est tout simplement question de la lui retirer. Ben oui, c'est comme un contrat: étant donné qu'il (affublé de sa grosse barbe, de sa djellaba et de sa burqa) n'a pipé mot de ses pratiques mahométanes au moment de sa naturalisation (obtenue grâce à un mariage blanc, selon Brice Hortefeux, a.k.a la Pythie), il allait de soi qu'une fois l'enquête menée, soit 11 ans après l'obtention de la nationalité, on le destitue de son droit.

Exemples de l'application de la loi concernant la déchéance de la nationalité française:



Code civil

Version consolidée au 26 février 2010



Section 3 : De la déchéance de la nationalité française.

L'individu qui a acquis la qualité de Français peut, par décret pris après avis conforme du Conseil d'Etat, être déchu de la nationalité française, sauf si la déchéance a pour résultat de le rendre apatride :

1° S'il est condamné pour un acte qualifié de crime ou délit constituant une atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation ou pour un crime ou un délit constituant un acte de terrorisme ;

2° S'il est condamné pour un acte qualifié de crime ou délit prévu et réprimé par le chapitre II du titre III du livre IV du code pénal ;

3° S'il est condamné pour s'être soustrait aux obligations résultant pour lui du code du service national ;

4° S'il s'est livré au profit d'un Etat étranger à des actes incompatibles avec la qualité de Français et préjudiciables aux intérêts de la France.

Qui pourrait franchement croire, que l'Etat dans l'exercice de sa souveraineté puisse ignorer les situations des personnes auxquelles il accorde la nationalité? Pour les découvrir, avec la candeur d'une jouvencelle, 11 ans après? Gros big up à la paire de choc Besson-Hortefeux!
Dans une atmosphère européenne contemporaine où le moindre arabe qui écouterait du raï est d'emblée soupçonné d'appartenir à une mouvance radicale se revendiquant d'Al Qaïda, sérieusement de qui se fout-on?



Salah Hamouri, 25 ans, dont 5 ans passés dans une prison israélienne




Dossier complet sur l’Humanité.fr : http://www.humanite.fr/+-salah-hamouri-prisonniers-palestiniens-prisons-israeliennes-franco-palestinien#pagination_art2

Pierre Barbancey, « Le Français Salah Hamouri dans les geôles israéliennes », L’Humanité.fr, 10 octobre 2007http://www.humanite.fr/2007-10-10_International_Le-Francais-Salah-Hamouri-dans-les-geoles-israeliennes

P. Barbancey, « La justice militaire n’a aucun sens », L’Humanité.fr, 10 octobre 2007. Interview de Léa Tsemel, avocate de Salah Hamouri. http://www.humanite.fr/2007-10-10_International_-La-justice-militaire-n-a-aucun-sens

Hassane Zerrouky, « Denise Hamouri à la Fête de l’Huma », L’Humanité.fr, 11 septembre 2008http://www.humanite.fr/2008-09-11_International_Denise-Hamouri-a-la-Fete-de-l-Huma

P. Barbancey, « L’acharnement israélien contre Salah », L’Humanité.fr, 28 juillet 2009http://www.humanite.fr/2009-07-28_International_L-acharnement-israelien-contre-Salah

P. Barbancey, « Quand Netanyahou fait un bras d’honneur à Sarkozy », L’Humanité.fr, 17 août 2009http://www.humanite.fr/2009-08-17_International_Quand-Netanyahou-fait-un-bras-d-honneur-a-Sarkozy

Caroline Constant et Fabien Perrier, « Salah Hamouri : France 2 tient sa promesse », L’Humanité.fr, 21 novembre 2009 http://www.humanite.fr/article2755741,2755741

France 2, JT du dimanche 22 novembre, reportage sur Salah Hamouri http://13h15-le-samedi.france2.fr/index-fr.php?page=accueil&id_article=492

Emmanuel Berreta, « Polémique Cluzet : Laurent Delahousse a traité l’affaire Salah Hamouri », Le Point.fr, 23 novembre 2009 http://www.lepoint.fr/actualites-medias/2009-11-23/polemique-cluzet-laurent-delahousse-a-traite-l-affaire-salah-hamouri/1253/0/398091

samedi 17 avril 2010

Assez


Trois belles contributions à l'identité nationale


Histoire d'opérer une fonte indélébile entre l'identité nationale et le patriotisme colonial, le maire de Paris, dans un magnifique effort de récompenser Israël, tueur de vampires assez célébré de par le monde (mais surtout sur le vieux continent semble-t-il, en proie aux pires contes et légendes), a inauguré, en présence du président Simon Pères, la promenade Ben Gourion.

A cette occasion, des manifestants qui avaient réussi à déployer un drapeau palestinien sur l'Arc de Triomphe, se faisaient ambiancer par les forces de l'ordre, pendant que d'autres avaient affreté une vedette pour manifester en face du quai branly.

Un an après Plomb durci, le mairie de Paris a jugé du meilleur goût d'accourir à la rescousse de l'image médiatique d'Israël en proposant un jumelage entre Paris et Tel-Aviv.

A croire que la France se trouve à court de grands hommes et de symboles nationaux suffisamment forts...à quand une place Slobodan Milosevic, à côté du boulevard Henry Kissinger, auquel on accèderait en traversant le pont Irving Kristol?

Probablement parce qu'il y'avait déjà une promenade Habib Bourguiba non loin, cette mesure s'expliquerait par un besoin de représentations équilibrées des communautés dans le 7ème arrondissement...un souci laïc sans doute. Mais pourquoi ne pas remonter aux origines et consacrer des boulevards David & Salomon, et Suleïman le magnifique puisque nous en sommes là?!

Deuxième événement, survenu avant l'inauguration de la promenade Ben Gourion, le crash de l'avion présidentiel polonais. Lech Kaczynski et son gouvernement sont pleurés en Pologne mais aussi en France par de nombreux Français d'origine polonaise plongés dans le désarroi par la perte d'un grand visionnaire islamophobe auto-proclamé de son vivant, et grand ami d'Israël (la raison de la brouille fraternelle).

L'enterrement du président polonais, digne de celui d'un pape, ne dénote-t-il pas une absolution par la mort?

Après la célébration d'un événement aussi fort que la chute du mur de Berlin, sommes-nous si fortement sous l'emprise d'une amnésie généralisée qu'il conviendrait qu'on encense, dans une conception assez chrétienne et donc aux antipodes de la laïcité, des chefs d'Etats autoritaires et ouvertement racistes comme les nouveaux saints d'un siècle marqué par la désinformation et la capitulation au pouvoir et à ses relais?

Troisième événement, ou plutôt consolidation d'un phénomène: "Malgré l'injure raciale, le parquet estime qu'Hortefeux ne doit pas être condamné".

samedi 3 avril 2010

Tu peux pas test


En sortant du travail hier soir, je suis tombée sur une "foule en liesse"


composée de 60 personnes à tout casser, qui brandissait des drapeaux du MRAP et des affiches anti-Zemmour.

Ils étaient regroupés tel un essaim sur la place Blanche, alors qu'un intrépide qui distribuait des tracts aux touristes du Moulin Rouge, se faisait interpeller par la police.
Les gens les regardaient éberlués. ça m'a fait penser à l'article de Paul Moreira du 13 mars sur son blog.

Le journaliste y parlait de la dernière intervention ultra-commentée par nos médias (un peu plus désoeuvrés chaque jour) de Eric Zemmour, durant laquelle Zemmour a encore eu tout le loisir de défendre ses thèses réactionnaires en déclarant, par exemple, que les dealers et les agresseurs seraient exclusivement noirs et arabes, et que les mères de famille mahométanes de banlieues interdiraient à leurs enfants de parler le français: "la langue du diable".
Le tout sans bien entendu jamais faire l'affront aux journalistes autour de lui, encore moins aux spectateurs, d'étayer son propos par des sources viables, ni même de les donner en fait, ce que Paul Moreira remettait en question dans son billet.

En somme, si t'es pas d'accord avec les propos tenus par Zemmour, tu te voiles la face et tu collabores à l'instauration du grand califat, en plus d'être le naïf islamo-gauchiste que tu es.
Si tu es journaliste et que tu mets Eric Zemmour à l'amende avec une simple analyse de son propos et une vérification de ses sources, tu as l'honneur de recevoir des geysers de vomi des aficionados de F. de souche.com, qui affiche en Une le portrait de leur prophète. C'est ce qui a eu lieu en une soirée sur Premières lignes.

Le problème n'est pas que des mecs comme Zemmour disent ce qu'ils pensent, et pensent ce qu'ils disent, et soient encore invités partout, après tout, leurs propos ne sont que la suite logique du discours fangeux promu par un gouvernement qui "étend un peu plus chaque jour son emprise sur nos vies". Mais il se pose quand on considère Zemmour comme un journaliste sérieux ayant pignon sur rue, et quand la moindre critique le visant est assimilée à de l'aveuglement, à de l'indulgence (envers les hordes de barbares islamistes), et encore mieux, à du "collaborationnisme".

C'est effectivement ce que les "Nobel de physique" qui ont gerbé sur le blog de Moreira, lui reprochaient; dixit un commentaire : "z'en faites pas va, les collabos comme vous seront les premiers à y passer ;)". Tout un programme... ça devient dangereux de tenir un blog, ou même de vivre en démocratie, étant donné qu'on ne peut plus y dire ce qu'on pense (enfin, sauf si tu es philosophe d'Etat, ou éditocrate) sans s'exposer à une cyber-fusillade...sur son propre blog. On se rend surtout compte en lisant les diatribes de F. de souche, que ces internautes entretiennent un rapport assez distant avec la réalité, un rapport fantasmé ressemblant à s'y méprendre à la perception du réel des bloggers engagés par l'état-major israélien. Les mêmes arguments sur l'islam et ses dangers ressurgissent inlassablement.

Pendant ce temps en Sarkozie, ce sont des mecs comme Zemmour, Rioufol, Finkielkraut, ou Redeker qui passent pour des hommes libres, de vrais héros des temps modernes, des rebelles qui auraient brisé le joug de la "bien-pensance" pour dire tout haut ce que le ministère de l'immigration et de l'identité nationale tonitrue tous les jours. C'est un peu comme l'IRA et le Sinn Fein, l'une était la branche armée, et l'autre le parti politique.

En conclusion, si tu estimes qu'il y a quelque chose de bien pourri au royaume de France, que tu ne partages pas le point de vue de Zemmour, Taguieff, Finkielkraut, Besson, Hortefeux et j'en passe sur l'immigration et les causes (uniquement maghrébines) de la délinquance, que tu ne supportes plus l'autoritarisme et les amalgames volontaires de Philippe Val, que tu gerbes les analyses fumeuses et fascisantes sur l'islamisation de l'Europe de Caroline Fourest, que tu ne conçois pas le concept de "guerre juste" défendu par Christophe Barbier, et que l'évocation des initiales BHL te fait hurler de rire, t'es vraiment un salop de munichois, un staliniste.
Ce qui va souvent de pair, tu l'auras compris, avec le fait que si tu avais pu (car il s'agit bien là de condamner nos intentions et même plus nos actes, et c'est bien dans cette matière que la brochette susmentionnée a majoré) tu aurais voté Hamas, financé le Hezbollah et/ou Ben-Laden, embrassé Ahmadinejad. En définitive tu es un terroriste.

Accordons à Eric Zemmour la classe de ne pas user du joker de l'antisémitisme, ce qui serait drôlement gonflé quand on défend à la fois les thèses de l'extrême droite française et de la droite néo-conservatrice américaine... mais, qui toute réflexion faite, n'a jamais, jusqu'ici, porté préjudice ni à Alain Finkielkraut ni à Bernard Henri-Lévy.

Killing an Arab


Dans les médias, on peut distinguer plusieurs catégories d'informations. Certaines font doucement rire, d’autres peuvent indigner ou révolter, et il y a celles qui crèvent le cœur.

Ces dernières écoeurent parce qu'en général un innocent est tué, et que les circonstances de sa mort, telles qu'elles nous sont relatées, prennent une tournure tellement biaisée, qu'on sait d’avance qu’il n’y aura pas de justice pour ce cas précis. Exemple.

Un homme de 35 ans d'origine marocaine, père de famille, vigile dans un supermarché de Bobigny, se serait « jeté » dans le canal de l'Ourcq, mercredi 31 mars au soir, parce qu’il était poursuivi par quatre personnes munies d'un cric et d'une grosse pierre, lesquelles n’avaient, selon la procureure Sylvie Moisson, pas du tout, l’intention de lui nuire…

Pas de connotation raciste pour le parquet

Les personnes interpellées assurent que l'incident a éclaté dans le magasin parce que le vigile aurait proféré des insultes à caractère antisémite. Une version démentie par un témoin de la scène contacté par Europe 1.

Le parquet a précisé vendredi que "l'intention homicide n'était pas retenue, de même qu'aucun élément de nature à donner à ces faits une connotation raciste ou religieuse".

En fait il faudrait comprendre que c’est parce qu’il aurait proféré des insultes antisémites à l’encontre de ses agresseurs (qui l'ont sans nul doute abordé avec la plus grande déférence), que cet acte ne peut avoir aucune connotation raciste, et ne saurait nullement être qualifié d'agression avec intention de tuer. C’est certainement dans un élan de tolérance que quatre individus armés se sont lancés à sa poursuite, après qu’il a eu le malheur de faire son travail en interdisant l’accès à un client à la fermeture du magasin.

Un échange d’insultes plus tard entre le client et le vigile, et le client en question passe un coup de fil pour alerter du renfort, puis lui annonce serein qu’il « va mourir aujourd’hui »…

Si le client avait été arabe et le vigile juif, cet homicide, car on ne peut pas qualifier ce fait divers autrement, aurait eu un caractère proprement raciste et scandaleux, et on aurait eu droit à une déclaration officielle du président, du premier ministre, d'une kyrielle de ministres, dans un crescendo de condamnations indignées par la recrudescence de l’antisémitisme.

Mais le vigile était bien arabe, au moment où la France de l'identité nationale souhaite plus que jamais se désolidariser de tout ce qui est arabo-musulman (que cette expression est malhabile..), et au moment où la perception d'un conflit international mobilise le corps politique derrière un Etat, qui a réussi, grâce à ses inconditionnels défenseurs médiatiques, à nous faire rentrer dans le crâne que la vie d'un arabe, de Jaffa à Bobigny en passant par Gaza, ne vaut rien.

Ainsi, tuer un arabe ne saurait être perçu comme un crime raciste, et ne pourrait être puni en tant que tel, surtout lorsque l'agresseur est sémite, mais juif pas arabe.

Tandis que l'arabe serait par nature susceptible de commettre un crime antisémite, la piste du crime raciste est d'emblée écartée lorsque la victime est arabe.