dimanche 7 juin 2009

Festival Danse Hip Hop Tanz



Hier soir j'ai assisté à ce spectacle au théâtre Louis Aragon de Tremblay-en-France, dans le 9-3, municipalité coco, où la programmation est toujours de qualité.
Cette année encore la programmation de Tremblay a dépassé, et de loin, la programmation du haut lieu parisien pour la scène Hip Hop, La Villette, dont le festival "rencontres hip hop" cette année était marqué par un déséquilibre au niveau de la qualité et de l'émotion qui se dégageaient des chorégraphies des différentes compagnies de danseurs.

Hier soir, la qualité y était, l'énergie aussi.
Alors je ne vais pas me mettre à disserter sur la danse contemporaine, parce que d'une je n'y connais rien, et de deux, je trouve bien souvent que les termes choisis équivalent à une certaine masturbation intellectuelle que je ne saurais pasticher, et je préfère laisser ce jargon aux professionnels du milieu et aux critiques.

La première partie de soirée a été assurée par la compagnie X-Press, dirigée par Abderzak Houmi, directeur artistique et chorégraphe.

Le spectacle mettait en scène Abderzak accompagné de deux jeunes femmes aux allures félines et à la grâce inconstestable: Mesdemoiselles Maeva Cesaro et Anna Coudré.

Les trois danseurs de Tours ont offert un spectacle onirique, clean, drôle et sobre (dans la mesure où ils n'ont pas essayé de transmettre un quelconque message par la parole, comme c'est souvent le cas chez certaines compagnies de danseurs qui se sentent obligés d'affirmer leur appartenance ethnique au risque d'être aux antipodes du contenu de leur spectacle), mis à part une envolée jazzy-disco inattendue, mais tout de même plaisante.

Ce spectacle évoluait autour du thème du cube, le titre en étant "3 au cube", le décor était cubique, tout comme les effets et jeux de lumière, et les mouvements des danseurs, évoquaient le cube. Un moment en particulier, ou plutôt deux, m'ont fait penser au monde du cinéma; Abderzak se tenait debout sur un cube, pareil à une ballerine dans une boîte musicale, et reproduisait les gestes saccadés du pantin mécanique en y ajoutant des mouvements hip hop. Ce passage était gracieux, rêveur, enfantin.
Un autre passage de la chorégraphie durant lequel il dansait avec l'une des interprètes tandis que l'autre danseuse voltigeait autour d'un abat-jour cubique,
partageait également une certaine correspondance avec l'univers cinématographique. On aurait dit une scène de mariage ou de célébration pastorale, avec une qualité romantique et même romanesque. La chorégraphie a été le résultat d'une année de travail, X-Press nous a donné un spectacle réjouissant et frais.

La deuxième partie présentait le nouveau spectacle de l'enfant du pays, le Tremblaisien Hervé Hassika, RV Sika ou RV6K pour les intimes, jeune talent de la scène hip hop et résident du théâtre Louis Aragon.
Hervé était accompagné de Elsa Cogan, dont j'avais déjà eu l'occasion d'admirer la technique et la grâce sur le spectacle "Sol de France: Ceci est mon corps!" au Point Ephémère, le 8 décembre 2008, ainsi que de Mohamed El Hajoui et Soizic Muguet pour "Franchir Allégrement".

Mood nous a présenté un spectacle épuré, sombre, créatif mais également dérangeant. En commençant par une scène violente où Mohamed mettait des claques à un personnage invisible sur une chaise. La scène est réapparue vers la fin du spectacle de manière plus explicative, au lieu de voir simplement Mohamed fendre l'air de gifles, Elsa était assise sur une autre chaise prétendant recevoir les coups, tombant, se relevant et reproduisant les mêmes gestes que son partenaire.
Les danseurs ont progressivement rejoint la scène en adoptant chacun une démarche pour traverser la scène et en se suivant comme sur une frise imaginaire où ils défilaient, d'abord les uns après les autres, puis de manière plus rapprochée de telle sorte qu'ils ont fini par se rejoindre.

Une phase dans le noir a suivi, durant laquelle ils étaient vêtus de voiles phosphorescents qui laissaient voir les formes, les corps mais plus les visages.
Ca m'a fait penser à une scène d'un film de Jean Renoir, pendant laquelle des squelettes dansaient sur un air de piano.

Le festival s'est clôturé sur des Ecossais de Edimbourg, Anthony Mills et Matt Foster de la Compagnie Cypher Dance. Leur spectacle "Box fresh" mettait en scène un homme aux allures de hooligan, torse nu au milieu d'une scène minimaliste, dans le sens où elle paraissait n'être éclairée que par une seule ampoule, comme dans une boîte.
Un personnage plus grand et plus massif apparaît derrière lui et lui fait enfiler un marcel noir puis des puma rouges. Une fois habillé comme son balèze comparse, ils se mettent à break dancer (prononcé "densé") sur African Battle.
Ce show qui n'a duré que 15 minutes était plein d'humour british et de "bon son" sauce GB.
Quand je leur ai demandé pourquoi leur show ne durait qu'un quart d'heure, Tony a répondu "When we first performed at Albert Hall in London, they asked us to cut the shit."
Matt a ajouté "actually our work is still like a raw material in need for some improvement", "un diamant à l'état brut qu'il faut peaufiner" ai-je tenté, il a répondu "definitely" avec un sourire ironique.

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