dimanche 7 mars 2010

Halalité ou laïcité?


Un an après, les préoccupations qui m'ont donné envie de créer le siècle du néon sont toujours d'actualité.

Que s'est-il passé en 1 an, pas grand chose et beaucoup (voire beaucoup trop) pour certains.

Hier, nous avons pu constater, suite à la mémorable sortie de Nicolas Sarkozy l'année dernière au salon de l'agriculture, que le président a décidé d'écouter le très sage avis de son conseiller en communication, et s'est donc pointé à l'heure des poules, histoire d'éviter un bain de foule qui n'aurait fait que confirmer la réputation du chef de l'Etat "le plus classe du monde".

Et comme il est de bon ton dans ce salon depuis pas si longtemps - à la manière de Jacques Chirac (reçu tel Rod Stewart depuis toujours par des foules en liesse) l'a fait (2min30) après l'humiliation de Sarkozy l'année dernière, comme Bayrou l'avait fait avec les Antillais au moment où les manifestations et les émeutes battaient leur plein en Martinique, et surtout en Guadeloupe, profitant du fait que Sarkozy, tel le pestiféré, ne pouvait se permettre de les approcher - Dominique de Villepin courtisait tout azimut les agriculteurs présents sur son parcours, tâtant tel l'expert tous les arrière trains de vache à portée de main.

Le salon de l'agriculture est devenu une des arènes politiques incontournables, depuis la présidence Sarkozy, voire Ze place to be. Comme le dîner annuel du Crif, il rassemble pratiquement toute l'élite politique.

En parlant du diner annuel du Comité représentatif des institutions juives, les Petit Journal s'est prêté à un petit jeu amusant, en chronométrant le temps de présence de chacun. Nicolas Sarkozy serait ainsi resté un peu moins de 20 minutes, suivi de près par Jack Lang et Robert Hue.
En ce qui concernait les excuses de chacun, le "mytho du jour" a été décerné à Nadine Morano qui avait "un dossier urgent à traiter".

Il est amusant de voir qu'une pointure politique comme Nadine Morano, après les propos qu'elle a tenu sur le "jeune musulman", le doux euphémisme pour "terroriste en puissance planqué dans nos banlieues grâce aux aides de l'Etat", soit l'invitée d'un dîner confessionnel.

Mais si le Crif n'avait pas ces amis-là, où pourraient-ils franchement se retrouver? (question rhétorique..)

Donc en un an, qu'est-ce qui a vraiment changé. On a travaillé plus pour gagner moins, et quand Ko Siu Lan, une artiste Chinoise ( qui nous a bien prouvé que les Chinois ne sont pas en reste quand il s'agit de critiquer le pouvoir, sauf que chez eux quand ils le font, ils se font liquider) nous l'a fait remarquer sur les murs des Beaux-Arts, même son école l'a lâchée, prétendant ne pas avoir été avertie de son projet.



On pouvait le lire dans tous les sens: gagner plus travailler moins, travailler plus gagner moins, travailler plus gagner plus, travailler moins gagner moins, moins gagner plus travailler, ainsi de suite, l'idée étant bien entendue une critique de la question du travail et de la propagande d'Etat. En somme cette histoire de censure est une nouvelle atteinte au service public.

Deux jours plus tard, Frédéric Mitterrand, protecteur de l'artiste et de l'orphelin (Thaïlandais...de 50 ans) fait raccrocher l'oeuvre censurée. Et c'est certainement la défense inconditionnelle des artistes et non l'angoisse à l'idée de se faire traiter d'Etat stalinien et de se retrouver devant une cour de justice qui a fait fléchir le ministère de la culture, n'en doutons point.

En un an aussi, les gardes à vue se sont métamorphosées en antichambres des morgues nationales.

Tout s'est évaporé autour de la commission sur la burqa, du débat sur l'identité nationale, et de la nomination d'une Miss France au patronyme arabisant: Malika Ménard.

L'acharnement gouvernemental a porté ses fruits et ainsi sont nées Hadopi, Loppsi, et plein d'autres jolies lois sonnant comme autant d'insultes populaires, ainsi aussi la plupart des lois ont continué d'être vidées de leur sens par force modifications, et les conditions de renouvellement de papiers d'identité sont devenues insupportables. Le cas du procès contre La Rumeur était suffisamment parlant pour que l'on puisse s'attendre au non-sens du "procès des barbares", et à Clearstream.

Et la SNCF s'est mise à l'antiracisme selon Finkielkraut.



Sur les murs de toutes les stations de métro parisiennes, l'armée de terre française s'est refait une jeunesse avec une campagne de communication choc, proposant à tout un chacun de s'épanouir en son sein..





Enfin, le Quick de Roubaix a décidé unilatéralement de se spécialiser dans la production de burgers halal, une action décrétée scandale national par des personnages publics connus pour leur jugement serein et modéré. Et nous entendrons très certainement encore parler de racisme anti-blanc...après que l'argument ultime -la laïcité - aura été épuisé. Car oui, aujourd'hui en France, quand on invoque la laïcité, c'est toujours bizarrement pour parler des musulmans, et de l'incompatibilité intrinsèque de leur religion avec les valeurs de la république. Si Sylvain Gougenheim parlait de "schémas mentaux" qui auraient empêché les arabes d'accéder à la rationalité des Grecs, que Claude Levi-Strauss parlait de barbarie, pour Alain Finkielkraut, il n'y a plus aucun doute, c'est juste que les musulmans, partout à travers le monde (et particulièrement en Palestine et à Villiers-le-Bel, Clichy-sous-Bois, et en banlieue de manière générale), sont des jihadistes nés. Si on leur permet le halal, no doubt they will take over the world, une chose en amenant souvent une autre, surtout quand il s'agit des musulmans.

Philippe Val, Caroline Fourest, BHL, Finkielkraut, Houellebecq ou même Dantec (liste non exhaustive, uniquement les têtes d'affiches) plaident la laïcité contre l'islam. Je n'arrive pas à m'empêcher de penser que ce genre d'argument: on vomit l'islam parce que c'est une religion qui s'oppose à la laïcité (comme si d'autres religions étaient conformes à cette même laïcité), ressemble à s'y méprendre à l'usage qui est fait de l'adjectif "démocratique" dans des expressions comme "République démocratique du Congo"; ça ne veut plus rien dire.

Quand le Figaro s'y met en 2007, en laissant carte blanche à Alain Finkielkraut sur l'affaire Redeker, ça donne une sentence comme suit: " L'affaire Redeker et la blessure de la liberté".

Alors si je suis bien, la liberté n'est plus un concept abstrait mais une réalité concrète qui passe par la critique (inconditionnelle) de l'islam, et c'est surtout au nom de la laïcité que des écrivaillons communautaristes se permettent de donner des leçons de morale, à renfort d'arguments alambiqués sur ce qu'il serait de bon ton de critiquer et ce qui ne l'est pas. La liberté tiendrait au fait de déféquer de manière continue sur l'islam en prétendant y apporter un éclairage qui n'explique rien à la religion elle-même, si ce n'est le procès intenté par les auteurs de ce genre de pamphlets.

Mais un problème me taraude, n'est-il pas inscrit dans la démocratie, qui prône la laïcité dans l'espace public, que la république assure la liberté de culte à chacun?! Ces musulmans qui vont assaillir la France et qui la pénètrent déjà de toutes parts ne sont que la manifestation des fantasmes les plus sordides d'une bande de réactionnaires en mal de sensations fortes, qui voient le choc des civilisations quand plus de trois noirs se promènent en plein jour; de nuit ça s'appelle l'insécurité.

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