mercredi 10 février 2010

Un ODB au P.S


La dernière sortie de George Frêche est bien plus parlante qu'il n'y paraît.
Après avoir traité les harkis de sous-hommes, après avoir plagié (ou inspiré qui sait) Alain Finkielkraut dans son constat accablant de bétise raciste ("toute l'équipe de France est black, black, black"), il s'est encore fait remarquer d'une presse, un peu trop vigilante en matière de dénonciation zélée du racisme d'élite, qu'elle met en général deux jours, tout au plus, à justifier une fois l'intéressé revenu (mais jamais vraiment tout à fait) sur ses propos, comme la plupart du temps...enfin à moins que tu ne t'appelles Dieudonné ou Siné, ou Daniel Mermet, ou Pascal Boniface, et pas Robert Redeker ou Brice Hortefeux, ou George Frêche, ou Alain Finkielkraut, et on l'aura compris, la liste est bien plus longue dans ce sens, et le dérapage beaucoup plus honorable.

Avec la dernière déclaration de Frêche, c'est un style nouveau de racisme débridé et décomplexé qui vient s'ajouter à celui que nous connaissions depuis quelques années déjà, c'est le nu racism, un racisme concurrentiel qui pense, à la manière d'un Finkielkraut, qu'il faut en terminer avec le joug de l'antiracisme - (bien entendu uniquement envers les arabes, les noirs, les roms, les afghans), qui voudrait qu'on mette tous les types de racisme dans le même sac afin de ne pas s'égarer en créant différentes catégories de racisme qui feraient ressortir, à renfort d'analyses tendancieuses, un bon racisme d'un mauvais racisme - et en effet, quoi de mieux pour ça que de déclarer, comme George Frêche: "S'il y a un homme qui a défendu Israël et les juifs depuis toujours, c'est moi!" meaning: je ne peux pas être raciste parce que j'ai toujours défendu les juifs de France, qui, au passage (et n'ayons pas peur des amalgames), sont tous des Israéliens, et comme j'ai toujours pris leur défense à travers la défense d'un Etat, je peux bien en trasher un!

Et d'expliquer sa confusion par rapport à la "tronche pas très catholique" de Laurent Fabius (dont la famille, soit dit en passant, s'est convertie au catholicisme durant la seconde guerre mondiale) par: "Il est toujours resté silencieux au sujet d'Israël", donc il n'est pas juif, ou pire c'est un renégat.

"Qui ne dit mot consent", mais le proverbe ne sert pas les ambitions politiques de Frêche.

Apparemment, George Frêche n'est pas au fait de la démission (discrète il est vrai) de Fabius du conseil d'administration de l'Iris (Institut des relations Internationales et stratégiques) en 2003 après la fameuse note adressée au PS par son directeur Pascal Boniface.
Ce dernier y faisait part de son inquiétude concernant l'alignement du PS sur des positions visant à "privilégier ceux qui ont une lecture ethnique du conflit israélo-palestinien" au détriment de l'électorat d'origine maghrébine, qui pourrait se sentir lésé et reporter son vote ailleurs. Cette maladroite remarque lui a valu un bon backlash médiatique, dérivé de la cabale lancée contre lui dans le but de le faire renvoyer de son office, à laquelle Fabius avait ainsi pris part.

Mais, on pourrait voir dans cette dernière apostrophe intéressante du président sortant de la région Languedoc-Rousillon une adresse toute spéciale à une partie de la communauté juive, à savoir le Crif et consorts, connus pour leur défense farouche de la politique israélienne, et proches de Nicolas Sarkozy.

Avec des déclarations de la sorte, nous sommes non seulement sur la bonne voie pour sortir du carcan communautariste du conflit israélo-palestinien, mais également sur la voie royale pour braconner à la fois sur les terres du FN défrichées par l'UMP, complètement gagné au discours sioniste (à l'exception notable de Michel Voisin, un député de l'Ain et d'autres élus), et sur celles d'autres candidats PS qui seraient trop frileux (sic) sur la question du soutien à Israël.

Frêche s'assure ainsi l'adhésion de tous les ultra-sionistes qui douteraient encore de la fidélité du PS, et qui voient le traitre en chaque juif qui n'avalise pas tous les propos du gouvernement israélien. L'argument, pour crédible qu'il se veuille, est très pernicieux parce qu'il énonce une contre-vérité tout en faisant preuve d'un esprit de concurrence prosélyte: puisque j'ai toujours défendu Israël, on ne peut pas m'accuser d'antisémitisme, en revanche Fabius...qui soutient discrètement ne soutient pas assez...

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